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En 2025, l’aide publique au développement (APD) a été l’un des budgets de l’État les plus sévèrement amputés. Le dernier projet de loi de finances connu pour 2026 prévoit une nouvelle baisse drastique. Sidaction exprime sa sidération et alerte sur les conséquences tragiques de cet arbitrage budgétaire qui réduira les moyens alloués au renforcement des systèmes de santé dans de nombreux pays ainsi que ceux dédiés au Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme.
« Les baisses brutales et massives des financements américains ont déjà eu un effet dévastateur sur les acteurs de terrain. La France suit malheureusement le même chemin et ce sont à terme des millions de personnes qui seront privées d’accès à la prévention, au dépistage et aux traitements contre le VIH/sida » rappelle Florence Thune, directrice générale de Sidaction.
La France, pays fondateur du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, a longtemps incarné une diplomatie de solidarité et de santé. Réduire l’aide publique au développement, ce n’est pas seulement une décision budgétaire : c’est une décision qui fragilise la solidarité mondiale et affaiblit le rôle diplomatique de la France. C’est faire un choix politique qui s’ajoute à ceux faits par les Etats-Unis et d’autres pays européens et condamne à l’avance des millions de vies. 9,2 millions de personnes qui vivent avec le VIH n’ont toujours pas accès à ce jour aux traitements antirétroviraux. L’ONUSIDA estime que les baisses de l’aide internationale des pays donateurs pourraient entraîner 6,6 millions de nouvelles infections à VIH et 4,2 millions de décès liés au sida supplémentaires d’ici 2029.
Depuis plusieurs mois, l’aide publique au développement est instrumentalisée dans le cadre d’un débat caricatural, alimenté par certaines voix qui contestent sa légitimité, estiment qu’elle alourdit les finances publiques (l’APD ne représente pourtant que 0,6% des dépenses de l’Etat) et détourne des moyens qui devraient, selon elles, être consacrés en priorité aux citoyens français. Au-delà de la faute morale, ces critiques sont frappées de myopie stratégique en faisant l’impasse sur les vertus d’un investissement en matière de santé publique mondiale.
« Sacrifier la santé mondiale est non seulement un déni de solidarité à l’échelle de la planète mais également une erreur économique » précise Florence Thune. Loin d’être une dépense improductive, l’APD en matière de santé est un investissement. »
L’aide publique au développement participe au renforcement des services essentiels pour les populations les plus vulnérables, à la formation des personnels soignants, à la prévention des grandes pandémies qui ne connaissent pas de frontières. En réduisant les inégalités en santé partout dans le monde, elle évite des dépenses futures bien plus lourdes, et une perte de productivité économique. Les crises sanitaires, du VIH à la pandémie de Covid-19, ont rappelé que la santé mondiale est interdépendante. Fragiliser les systèmes de santé ailleurs, c’est aussi accroître les risques sanitaires pour la France et l’Europe. Ce n’est qu’ensemble, dans la solidarité entre ici et là-bas, que nous pourrons répondre aux défis sanitaires et humains du XXIe siècle.
Sidaction appelle les pouvoirs publics à maintenir un niveau ambitieux d’Aide publique au développement, un soutien sans faille à la santé mondiale et un engagement financier à la hauteur des besoins pour lutter contre le VIH/sida. Des solutions existent pour y parvenir. Ainsi, les recettes générées par les taxes solidaires, notamment celles sur les billets d’avion ou sur les transactions financières, doivent impérativement être réaffectées à leur objectif initial de financement de la solidarité internationale, et non plus diluées dans le budget de l’état. Au-delà d’un débat budgétaire, c’est une question de choix politique, de responsabilité économique et de protection sanitaire mondiale.
Sidaction se renomme Sidération
Pour la première fois de son histoire, Sidaction modifie son logo. Un geste fort et symbolique, à la hauteur de l’urgence. Baptisée « Sidération », cette nouvelle campagne de sensibilisation traduit l’état d’esprit de l’association face au recul inquiétant de la solidarité internationale et à la baisse de l’aide publique au développement, en France comme ailleurs. Les temps sont sombres pour la lutte contre le sida : les financements diminuent alors que les besoins, eux, demeurent importants. Avec cette campagne, Sidaction veut alerter sur la gravité de la situation et rappeler que derrière les chiffres budgétaires, ce sont des vies qui sont en jeu. Réalisée par l’agence Joga, la campagne sera déployée dans le métro parisien, dans les grands quotidiens nationaux et sur le digital, dès le mercredi 15 octobre, en amont des débats parlementaires sur le budget de l’Etat pour 2026.