Alors que les États-Unis réduisent drastiquement leur aide publique au développement, une étude parue dans The Lancet alerte sur les conséquences sanitaires mondiales. D’ici à 2030, plus de 14 millions de décès pourraient survenir dans les pays les plus vulnérables si les coupes se poursuivent.
La réduction drastique des financements américains dans l’aide publique au développement pourrait provoquer plus de 14 millions de décès supplémentaires d’ici à 2030, selon une étude publiée le 30 juin dans The Lancet. Menés par des chercheurs du Barcelona Institute for Global Health (ISGlobal), les travaux s’appuient sur deux décennies de données issues de 133 pays à revenu faible ou intermédiaire, où l’agence américaine USAID intervient dans les domaines de la santé et de la lutte contre la pauvreté.
L’analyse révèle que les programmes financés par les États-Unis ont permis d’éviter environ 91 millions de décès entre 2001 et 2021, dont plus de 25 millions liés à la lutte contre le VIH/sida, et 31 millions grâce aux campagnes contre le paludisme, la tuberculose, les maladies diarrhéiques ou respiratoires. La mortalité infantile (enfants de moins de 5 ans) a ainsi chuté de 32 % dans les pays ciblés.
L’impact le plus fort de cette aide a été observé pour des maladies évitables. La mortalité due au VIH/SIDA a ainsi été réduite de 74 %, celle du paludisme de 53 % et celle des maladies tropicales négligées de 51 % dans les pays bénéficiaires du niveau d’aide le plus élevé par rapport à ceux avec peu ou pas de financement de l’USAID, selon l’étude.
Une importante surmortalité à craindre d’ici à 2030
Ces progrès pourraient s’effondrer sous l’effet des coupes annoncées en 2025 par Washington. Selon les modélisations, la réduction de plus de 83 % des budgets alloués à l’aide bilatérale – le chiffre annoncé par le gouvernement états-unien – pourrait entraîner une très importante remontée des décès liés au VIH, au paludisme et à la tuberculose dans le monde. « Nos estimations montrent que, à moins d’un retour en arrière sur les coupes budgétaires brutales annoncées et mises en œuvre au premier semestre 2025, un nombre stupéfiant de décès évitables pourrait survenir d’ici 2030 » précise l’étude.
Les chercheurs s’attendent à une surmortalité annuelle comprise entre 1,78 million et 2,5 millions de décès entre 2025 et 2030, incluant potentiellement 4,5 millions décès d’enfants de moins de cinq ans, sur la base d’un scénario estimé de réduction actuelle et future des financements de l’USAID.
L’étude de conclut sombrement : « Au-delà de provoquer des millions de décès évitables — en particulier parmi les populations les plus vulnérables — ces coupes risquent d’inverser des décennies de progrès en matière de santé et de développement socioéconomique dans les pays à revenu faible ou intermédiaire, et pourraient sérieusement compromettre la réalisation des objectifs de développement durable à l’horizon 2030 » .