vih Fonds mondial : baisse historique des promesses de don, la France absente

25.11.25
Hélène Ferrarini
5 min
Visuel Fonds mondial : baisse historique des promesses de don, la France absente

La conférence de reconstitution du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme a eu lieu vendredi 21 novembre 2025 à Johannesburg. Sans promesse de participation de la France.

Organisée sous l’égide partagée de l’Afrique du Sud et du Royaume-Uni, en marge du sommet du G20, la huitième conférence du Fonds mondial devait permettre de reconstituer les ressources qui financeront les activités du Fonds mondial pour les trois années à venir, de 2026 à 2028. Elle s’est soldée par des promesses de don largement en baisse et l’absence de grands donateurs historiques, dont la France.

Les promesses de don ont péniblement atteint les 11,34 milliards USD. Loin des 18 milliards demandés par le Fonds mondial pour lutter efficacement contre les trois pandémies et « sauver 23 millions de vies entre 2027 et 2029, réduire le taux de mortalité combiné des trois maladies de 64 % par rapport aux niveaux de 2023 et prévenir environ 400 millions d’infections ». Loin aussi des 15,7 milliards USD récoltés lors de la précédente conférence de reconstitution en 2022 à New York.

Une communauté de donateurs en net repli

Premier constat, la liste des pays contributeurs a fondu, passant de 49 donateurs publics en 2022 à seulement 29 à s’être officiellement positionnés en 2025. D’autres engagements sont encore escomptés puisque le Fonds mondial intègre dans son annonce globale un milliard USD de promesses venant de donateurs publics « prévues et en cours de formalisation » sans en fournir les détails.

Parmi les principaux contributeurs publics, on retrouve les Etats-Unis, qui bien qu’ayant revu leur contribution à la baisse, passant de 6 à 4,6 milliards, reste le plus important donateur et de loin. Dans un contexte où le gel des financements américains via l’USAID et le PEPFAR met en danger la santé mondiale en général et la lutte contre le VIH en particulier, le maintien de la participation étasunienne au Fonds mondial fait figure de soulagement.

Parmi les gros contributeurs, suivent le Royaume-Uni et l’Allemagne, donnant respectivement plus d’un milliard de dollars, et le Canada qui a maintenu son engagement du précédent cycle à hauteur de 723 millions USD.

Grande absente : la France. Aucune promesse de don n’a été formulée par Paris. Alors même que la France était jusqu’alors le deuxième contributeur après les Etats-Unis, à hauteur de près de 1,6 milliards d’euros lors du précédent cycle. La France avait accueilli avec succès la sixième conférence de reconstitution en 2019 à Lyon et incité à cette occasion les donateurs à augmenter leur soutien au Fonds Mondial. Six ans plus tard, la désertion française catastrophe les acteurs de la lutte pour la santé mondiale.

« Cet acte constitue un abandon des malades, de la santé mondiale et de la lutte contre les épidémies les plus meurtrières au monde. Elle sape toute crédibilité diplomatique de la France en santé » dénonçaient vendredi soir dans un communiqué commun les organisations AIDES, Action Santé Mondiale, Coalition PLUS, ONE, Sidaction. « En annonçant aucune contribution, elle laisse mourir plus de deux millions de personnes, prive près de 3 millions de personnes d’accès à un traitement antirétroviral, empêche 57 millions de personnes d’accéder à un dépistage pour la tuberculose et annule la livraison de plus de 200 millions de moustiquaires dans les zones à risque du paludisme. »

« La France a indiqué que son soutien au Fonds mondial restait inchangé, mais qu’elle ne serait en mesure de confirmer sa promesse de don que le mois prochain » a toutefois communiqué le Fonds mondial, sans intégrer la contribution française aux promesses de don, signe que le soutien de Paris reste largement hypothétique à ce stade.

En 2025, la France s’est privé d’un mécanisme qui lui permettait de financer des organisations multilatérales en santé, éducation et climat, à savoir l’allocation d’une partie des recettes des taxes sur les billets d’avion et sur les transactions financières à ces instances. Les ONG AIDES, Action Santé Mondiale, Coalition PLUS, ONE, Sidaction appellent à ce que la loi de finances redirigent ces taxes vers la santé mondiale.

Un retrait français qui fragilise le multilatéralisme

Autres financeurs engagés en 2022 et aujourd’hui absents des promesses de dons : l’Union européenne, le Japon, la Suède, l’Indonésie, les pays du Golfe, une dizaine de pays africains… Certaines contributions étaient massives, comme celle du Japon qui lors du précédent cycle avait donné plus d’un milliard USD, d’autres apports étaient plus modestes, mais l’engagement financier de tous ces pays participait du multilatéralisme du Fonds mondial.

Résultat, les Etats-Unis se retrouvent à occuper une place encore plus prédominante dans le financement du Fonds qu’au cours du cycle précédent ! L’annonce de Washington correspond à 40 % des promesses de dons pour le cycle 2026-2028.

Quelques pays ont certes augmenté leur contribution : l’Afrique du Sud, l’Espagne, l’Irelande, l’Inde, le Nigeria, la Côte d’Ivoire… La Namibie et Singapour ont fait leur apparition parmi les donateurs.

La participation des donateurs privés a légèrement augmenté, passant de 1,2 milliards USD à 1,3 milliards. L’engagement du privé est principalement porté par la Fondation Gates qui contribue à plus de 900 millions USD au Fonds, maintenant grosso modo sa contribution du précédent cycle.

Mais c’est largement insuffisant pour combler les manques créées par le retrait de pays comme la France et le Japon. D’autant plus que les besoins sont décuplés dans le contexte de baisses des aides publiques au développement et de la suspension des aides étasuniennes.

Le Fonds mondial estime dans son rapport des résultats 2025 que grâce à ces actions « 70 millions de vies ont été sauvées et le taux de mortalité combiné du sida, de la tuberculose et du paludisme a été réduit de 63 % depuis 2002 ». Mais « le VIH, la tuberculose et le paludisme sont des adversaires redoutables qui punissent sévèrement tout relâchement », prévient le Fonds. 🟥

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