vih IAS 2025 : les dernières actualités de la recherche sur le VIH

18.07.25
Simon Fretel
0 min
Visuel IAS 2025 : les dernières actualités de la recherche sur le VIH

Kigali au Rwanda a accueilli, du 13 au 17 juillet, la 13ᵉ conférence sur la science du VIH de l’IAS (International AIDS Society). Cet événement biennal, réunissant plusieurs milliers de spécialistes, présente les avancées majeures dans la recherche fondamentale, clinique et opérationnelle sur le VIH.

  • Dans un contexte de crise sanitaire mondiale, marqué par une pénurie de professionnel·les de santé, une baisse des financements internationaux et une demande croissante en services, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) renforce son engagement dans la lutte contre le VIH.

    Selon les dernières modélisations, jusqu’à 6 millions de nouvelles infections et 4 millions de décès supplémentaires liés au VIH pourraient survenir si les financements internationaux venaient à cesser.

    Meg Doherty, directrice des programmes mondiaux VIH, hépatites et infections sexuellement transmissibles à l’OMS, a présenté lundi 14 juillet à l’IAS 2025 de nouvelles recommandations visant à élargir l’accès à la prévention et à atteindre les populations aujourd’hui encore négligées.

    Parmi les annonces clés :

    • Prévention et dépistage du VIH :
      L’OMS recommande l’injection semestrielle de lenacapavir comme nouvelle option de prophylaxie pré-exposition (PrEP), ainsi que l’utilisation de tests de diagnostic rapide pour faciliter et étendre l’accès à la PrEP injectable à action prolongée.

    • Traitement et soins :
      Mise à jour des recommandations sur le séquençage des traitements antirétroviraux (ARV), incluant la réutilisation du ténofovir ou de l’abacavir ; allègement des traitements avec des combinaisons à deux médicaments, sous forme orale ou injectable à longue durée d’action ; révision des protocoles pour la prophylaxie infantile et l’allaitement ; nouvelles orientations pour la prise en charge du VIH à un stade avancé, avec un recours accru aux tests CD4 et un meilleur accès aux traitements contre les cancers ; priorité donnée aux thérapies préventives de courte durée contre la tuberculose.

    • Intégration des services de santé :
      Nouvelles recommandations pour intégrer les services VIH à ceux consacrés aux maladies non transmissibles (comme l’hypertension ou le diabète), ainsi qu’aux soins en santé mentale ; actualisation des stratégies de soutien à l’observance thérapeutique.

    • Infections sexuellement transmissibles (IST) :
      Nouvelles orientations sur le dépistage des IST asymptomatiques et sur les modèles de prestation de services, mettant l’accent sur la décentralisation, le partage des tâches et l’utilisation des outils numériques.

    L’OMS appelle les États et les partenaires à intensifier leurs efforts, en particulier en matière de PrEP, encore largement sous-utilisée, et à mieux inclure les enfants et les populations clés dans les parcours de soins.

    SF

  • Malgré l’efficacité des traitements antirétroviraux, le VIH persiste dans l’organisme grâce au réservoir viral. Ce dernier est composé principalement de lymphocytes T CD4+ dans lesquels le virus reste caché sous forme latente, échappant ainsi au système immunitaire et aux traitements. Ce réservoir est capable de relancer l’infection en cas d’interruption de la thérapie.

    Comprendre comment ce réservoir se forme, se maintient et, surtout, comment le réduire ou l’éliminer représente aujourd’hui l’un des principaux défis scientifiques pour parvenir à une guérison durable du VIH.

    Lors d’une session dédiée à l’IAS 2025, quatre projets de recherche ont mis en lumière des avancées prometteuses.

    Des provirus défectueux du VIH-1 capables de recombinaison : un nouvel obstacle à la guérison

    Hiromi Imamichi – NIAID, NIH

    Des recherches récentes ont révélé que certains provirus dits « défectueux », bien qu’incomplets, peuvent produire de l’ARN et des protéines virales. Cette étude visait à déterminer s’ils peuvent également se recombiner entre eux pour reformer un virus fonctionnel.

    À partir de deux provirus défectueux isolés chez une personne vivant avec le VIH – présentant chacun de grandes délétions internes complémentaires – des cellules T CD4+ saines ont été transfectées in vitro. Les scientifiques ont observé une production virale importante, confirmée par la présence de l’antigène p24 et la capacité du virus recombiné à infecter de nouvelles cellules.

    L’analyse génétique a montré que la recombinaison avait permis de restaurer un génome viral complet, fonctionnel et réplicatif, similaire à un virus sauvage. Ces résultats suggèrent que ces provirus, jusqu’ici considérés comme inactifs, pourraient contribuer activement à la persistance du virus, représentant ainsi un nouvel obstacle important aux stratégies de guérison.

    Signatures cellulaires et transcrits du VIH dans dans les lymphocytes T CD4 des tissus lymphoïdes – Collaboration sur la transplantation d’organes selon la loi HOPE

    Marina Tuyishime – Duke University Medical Center

    Cette étude a examiné des ganglions lymphatiques prélevés chez 24 personnes vivant avec le VIH sous traitement antirétroviral. Grâce au séquençage à cellule unique, les chercheur·es ont évalué les effets de combinaisons d’agents de réactivation de la latence (LRA) sur ces cellules.

    Parmi les 95 000 cellules analysées, 57 présentaient des transcrits du VIH, en majorité dans les échantillons traités par la combinaison VOR + AZD5582. Les LRAs ont activé des gènes impliqués dans la régulation, la synthèse cellulaire et le trafic membranaire. Toutefois, l’ajout d’autres composés n’a pas amélioré l’effet transcriptionnel, et une baisse de l’expression des récepteurs T (TcR) a été observée, compliquant l’identification des cellules infectées réactivées.

    Ces résultats montrent que les ganglions récupérés lors de greffes constituent une ressource précieuse pour étudier le réservoir lymphatique du VIH. Ils permettent d’évaluer les effets des LRAs et d’affiner les stratégies pour débusquer et éliminer les cellules infectées.

    Association entre la taille du réservoir et les marqueurs d’inflammation cardiovasculaire chez les enfants vivant avec le VIH

    Fatima Kakkar – CHU Sainte-Justine, Université de Montréal

    Chez les enfants infecté·es à la naissance, peu de données existent sur le risque cardiovasculaire à long terme. Cette étude canadienne, issue de la cohorte EPIC4, a exploré le lien entre la taille du réservoir viral et des biomarqueurs d’inflammation cardiovasculaire chez 121 enfants bénéficiant d’une suppression virale prolongée.

    Les résultats montrent une corrélation significative : plus la taille du réservoir viral était élevée, plus les niveaux de certains marqueurs inflammatoires étaient importants, suggérant un état inflammatoire chronique associé à un risque cardiovasculaire accru.

    Ces liens restent valables même après ajustement pour l’âge et la co-infection par le CMV. L’étude souligne ainsi l’importance d’un traitement précoce et durable pour réduire les complications cardiovasculaires futures, et suggère que ces biomarqueurs pourraient être utilisés pour évaluer ce risque à long terme.

    Les transductants de TCR anti-VIH restreints à HLA-E réduisent efficacement la taille du réservoir viral

    Victor Garcia – University of Alabama at Birmingham

    Cette étude présente une approche innovante d’immunothérapie cellulaire, fondée sur des récepteurs de cellules T (TCR) spécifiques du VIH, restreints à HLA-E – une molécule peu polymorphe, et donc potentiellement « universelle ».

    Des cellules CD8+ humaines modifiées pour exprimer ces TCR ciblant des épitopes du VIH, ont été infusées dans des souris humanisées infectées par le VIH. Les résultats montrent une forte expansion et persistance de ces cellules T modifiées, avec une réduction de 90 % de la charge virale sanguine et de 80 % dans les tissus, sans traitement antirétroviral.

    Chez des souris traitées, les cellules T modifiées ont permis de réduire la taille du réservoir de 50 %, selon l’analyse de l’ADN proviral intact.

    Ces résultats suggèrent que les TCR restreints à HLA-E représentent une piste prometteuse pour réduire durablement la charge virale et cibler le réservoir du VIH.

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