vih La Fabrique des Dialogues : remettre l’expertise communautaire au cœur des décisions

09.12.25
Maëlle Boudet
5 min
Visuel La Fabrique des Dialogues : remettre l’expertise communautaire au cœur des décisions

Porté en Afrique francophone et dans l’océan Indien, le projet La Fabrique des Dialogues œuvre pour renforcer la place des communautés dans les espaces où se décident les politiques de santé. Chloé Djadel, chargée du projet, revient sur la genèse de cette initiative, les objectifs, les besoins et les enjeux qui la structurent.

Transversal : Pouvez-vous nous présenter le projet La Fabrique des Dialogues ?
Chloé Djadel : La Fabrique des Dialogues est un projet de renforcement des capacités en plaidoyer, déployé en Afrique francophone et dans l’océan Indien. Il est financé par L’Initiative pour une durée de trois ans et repose sur quatre pays pilotes où la société civile est particulièrement structurée : le Burundi, le Cameroun, la Côte d’Ivoire et la République de Maurice.

T. : À quels besoins répond ce projet ?
C.D. : Ce projet est né dans la continuité d’un précédent programme, Riposte. Nous avions constaté un manque de reconnaissance de l’expertise des populations clés, ainsi qu’un déficit d’espaces de mutualisation pour les acteurs communautaires. Résultat : la voix des personnes directement concernées était peu ou pas représentée dans les espaces de décision.

La Fabrique des dialogues vise à corriger ce déséquilibre, en favorisant leur intégration dans ces instances, afin que leur expertise soit réellement prise en compte. L’objectif est d’améliorer les réponses nationales face aux trois grandes pandémies – tuberculose, paludisme et VIH – tout en intégrant les enjeux de droits humains et de genre.

Concrètement, nous créons des espaces de concertation qui permettent aux plaideurs et plaideuses d’échanger sur leurs pratiques, leurs difficultés et leurs solutions. Ces groupes de travail facilitent le partage d’expériences : une organisation peut s’inspirer des stratégies mises en place par une autre pour surmonter un blocage ou améliorer une campagne.

Nous organisons également des ateliers nationaux dans chacun des quatre pays partenaires, en lien avec des associations locales. Ces ateliers sont construits à partir des besoins exprimés par les organisations de la société civile. En Côte d’Ivoire, par exemple, un atelier tenu en mai a réuni une vingtaine d’acteurs et actrices de domaines variés (VIH, paludisme, tuberculose, associations de personnes trans, organisations de jeunesse, etc.). Nous nous sommes rendu compte qu’il y avait des obstacles communs, mais aussi de nombreuses bonnes pratiques pour les contourner.

Ces temps d’échange, pourtant essentiels, sont rarement financés. La Fabrique des dialogues vient précisément combler ce manque en facilitant l’expression et la reconnaissance de la parole communautaire.

T. : Quels sont les enjeux du plaidoyer en Afrique aujourd’hui ?
C.D. : L’enjeu central est de permettre aux communautés d’accéder aux espaces de décision. Certaines populations restent largement sous-représentées, notamment les femmes et les personnes directement concernées : que ce soit les personnes usagères de drogues, les travailleurs et travailleuses du sexe, les personnes vivant avec le VIH, les jeunes, entre autres.

Nous souhaitons faire remonter l’expertise des associations communautaires, notamment celle des associations de prise en charge et des associations communautaires auprès des ICN (Instances de Coordination Nationale) et des instances décisionnaires. La spécificité du projet est aussi de dépasser une approche centrée uniquement sur le VIH pour créer des passerelles entre acteurs engagés sur des thématiques proches, mais qui se rencontrent peu.

T. : Pouvez-vous présenter le consortium qui pilote le projet ?
C.D. : Le projet est porté par un consortium de trois organisations. L’Atelier des Luttes pilote le premier volet, qui vise à structurer une offre de formation professionnelle, pensée par et pour les associations partenaires, et à fournir une assistance technique en plaidoyer. L’ambition est d’ouvrir un centre de formation dans chacun des quatre pays porteurs du projet. Il s’agit de permettre aux communautés de se former au plaidoyer, mais aussi de permettre aux experts locaux de pourvoir former à leur tour.

Coalition PLUS porte le deuxième volet, qui repose sur un appel à manifestation d’intérêt annuel. Celui-ci permet de proposer des appuis techniques et financiers adaptés aux besoins des organisations.

Le troisième volet est porté par Sidaction. Il consiste à créer une communauté de pratiques pour favoriser les échanges entre plaideurs, à l’échelle nationale et internationale, et à capitaliser les apprentissages issus du projet. Un groupe de travail international met ainsi en lien les différents plaideurs afin de mutualiser les savoirs et les bonnes pratiques.

Un site internet La Fabrique des dialogues, récemment mis en ligne, prolonge ce travail. Il propose des ressources pratiques en plaidoyer, relaie des actualités et opportunités, et offre à chaque organisation un espace pour valoriser ses actions et partager ses documents. Il s’agit d’un véritable outil collaboratif.

Enfin, nous menons des travaux de capitalisation pour valoriser les actions conduites dans le cadre du projet : le plaidoyer de JGEN pour la santé sexuelle, l’organisation d’ateliers collaboratifs par Espace Confiance, Positive Generation, PILS ou l’ANSS, ou encore les parcours des plaideurs et plaideuses en Afrique francophone.

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