vih Les associations, barrage aux inégalités de santé

08.10.25
Romain Loury
4 min
Visuel Les associations, barrage aux inégalités de santé

Alors que la menace devient existentielle pour les associations de lutte contre le sida, l’approche de santé communautaire, dont elles sont pionnières, est plus que jamais nécessaire face aux difficultés croissantes rencontrées par leurs publics. Une réalité martelée lors de la dernière Convention Sidaction qui s’est tenue le 12 septembre dernier à Aubervilliers.

« L’accès à la santé ne se résume pas à une consultation médicale ou à un dépistage. C’est aussi avoir un toit, pouvoir manger à sa faim, se sentir en sécurité, être considéré, et surtout ne jamais être exclu en fonction de son identité », insiste dès l’introduction de la Convention Sidaction 2025 Inès Messaoudi, directrice du PASTT (Prévention action santé travail pour les transgenres) et présidente du comité France de Sidaction.

Car si la prise en charge médicale de l’infection par le VIH a connu des progrès inédits en 40 ans, il reste beaucoup à faire contre les discriminations et la précarité dont souffrent de nombreuses personnes vivant avec le VIH. Parmi elles, les personnes migrantes, surexposées au VIH, sont confrontées à des démarches administratives toujours plus complexe, que ce soit en termes de titre de séjour ou d’accès à l’aide médicale d’Etat (AME).

Face à ce parcours du combattant, les associations épaulent les personnes concernées. « Même dans les situations les plus urgentes, il est presque impossible de contacter la préfecture », note Inès Messaoudi. « Dans ce chaos administratif, ce sont les associations qui portent l’accompagnement, ce sont nos équipes qui traduisent, qui expliquent, qui rassurent, qui s’accrochent afin d’obtenir un rendez-vous en ligne, parfois à des horaires tardifs, et qui relancent sans cesse les préfectures pour éviter qu’une personne se retrouve sans droits ».

Face aux difficultés endurées par leurs bénéficiaires, difficile pour les associations de « prioriser » leurs actions, estime Antoine Baudry, animateur de prévention de Cabiria, association lyonnaise qui accompagne les travailleur.se.s du sexe. « Nous ne sommes pas du tout financés sur l’accompagnement droit au séjour, mais nous le faisons quand même. A un moment, nous avons songé à réorienter les personnes vers d’autres associations, mais elles-mêmes sont débordées. Et nous avons établi un lien de confiance : c’est avec nous que cela marche, pas avec une autre association qui ne connait pas le travail du sexe, et qui n’a pas de médiatrice culturelle ».

L’AME assaillie de contre-vérités

Aux difficultés financières que connaissent les associations, dont celles ciblant les populations originaires d’Afrique subsaharienne paraissent les plus menacées, s’ajoute la montée des discours d’extrême droite, et la défiance croissante envers les migrants. Si l’AME, fragilisée ces dernières années, semble pour l’instant épargnée par le flottement politique du pays, chacun sait que le répit sera court. « Depuis plusieurs années, on voit émerger un discours faux faisant le lien entre l’accès aux soins et la maîtrise des flux migratoires, selon la générosité de l’AME conduirait à renforcer les flux migratoires illégaux », rappelle la Défenseure des droits, Claire Hédon, le « Grand témoin » de la Convention Sidation.

Réfutée par plusieurs études en sciences sociales, cette assertion contribue aux discriminations d’accès aux soins, dont le Défenseur des droits est régulièrement saisi. « Chaque année, nous sommes saisis de quelques dizaines de situations de refus de soins discriminatoires. Ce faible nombre de réclamations ne reflète pas l’ampleur du phénomène », observe Claire Hédon. Conséquences de ces refus de soins, « un renoncement à se faire soigner, une perte de confiance dans le corps médical, une dégradation de la santé physique et mentale ». Autant de facteurs qui favorisent les contaminations et, une fois l’infection survenue, ses complications.

Pour la sociologue Nathalie Bajos, présidente du Conseil national du sida et des hépatites virales, « les inégalités sociales de santé sont socialement produites par des rapports sociaux de domination qui structurent toutes les sociétés, et qui renvoient essentiellement, mais pas seulement, aux rapports de domination liés au genre, à la classe sociale et à la race ».

Des facteurs présents à tous les étapes, que ce soit en matière d’exposition au risque, de décision de consulter, d’interactions avec les professionnels de santé, et de modalités de prise en charge, rappelle-t-elle. Dans une étude publiée en mai 2023, le Défenseur des droits relevait que les bénéficiaires de l’AME avaient entre 14 % et 36 % moins de chances d’obtenir un rendez-vous avec un médecin généraliste. 🟥

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