Enquête majeure sur les conditions de vie des personnes vivant avec le VIH, l’étude VESPA-3, dont de premiers résultats ont été présentés au congrès de la SFLS, éclairent les évolutions des vingt dernières années.
Après VESPA-1 en 2003 et VESPA-2 en 2011, place à VESPA-3. Conduite par l’unité mixte de recherche SESSTIM (Marseille)[i], cette enquête transversale vise à déterminer les conditions de vie des personnes vivant avec le VIH. Cette troisième édition, dont de premiers résultats ont été présentés en clôture du congrès de la Société française de lutte contre le sida (SFLS), a été menée sur 3.000 PVVIH vivant en métropole et suivies à l’hôpital – un autre volet portera sur les départements français d’Amérique (DFA).
La comparaison des trois études VESPA révèle en creux les grandes évolutions survenues au cours des 20 dernières années, a constaté le chercheur Bruno Spire, investigateur principal de VESPA-3 (par ailleurs président d’honneur de l’association AIDES), lors de la présentation des premiers résultats. Tendance majeure, le vieillissement des personnes vivant avec le VIH. De 41 ans lors de VESPA-1, l’âge médian atteint 55 ans dans VESPA-3.
Le groupe le plus âgé est celui des personnes contaminées par usage de drogues injectables, avec un âge médian de 61 ans. De même, c’est parmi ces dernières que l’ancienneté de l’infection par le VIH est la plus marquée, de 34 ans en médiane. Pour l’ensemble des personnes interrogées, l’ancienneté était de 19 ans, contre 10 ans dans VESPA-1.
La proportion d’hommes ayant des rapports sexuels avec d’autres hommes (HSH) demeure globalement inchangée, à 42 % en 2024 contre 39 % en 2003. A l’inverse, celle des personnes contaminées par usage de drogues a fortement diminué, atteignant 5,7 % en 2023 contre 18 % en 2003. Quant aux personnes originaires d’Afrique subsaharienne, leur proportion a connu une forte hausse entre 2003 et 2011, mais s’est stabilisée à 24,1 % en 2024.
Des améliorations très variables selon les domaines
Si 21,1 % des PVVIH inclus dans l’étude sont retraités, l’analyse des moins de 60 ans suggère une amélioration de la situation professionnelle, avec 68,8 % actuellement employés, contre environ 55 % en 2003. « Cela peut s’expliquer par l’efficacité des traitements. De même, le taux de personnes en invalidité et ayant les minima sociaux diminue légèrement [14,5 %, contre environ 21 % en 2003, ndlr], mais n’est pas négligeable », commente Bruno Spire. La proportion de personnes propriétaires de leur logement est aussi en hausse, à 41,8 % contre 28,2 % en 2003.
D’un point de vue médical, la situation paraît bien meilleure qu’en 2003 : 74,7 % des participants de VESPA 3 présentent un taux de CD4 supérieur à 500 par mm3, contre à peine de plus de 40% en 2003. Rares sont les personnes bien au fait des avancées de la prévention : moins de la moitié disent connaître la prophylaxie pré-exposition (PrEP) et le traitement post-exposition (TPE). Plus étonnant, elles ne sont que 14,6 % à connaître le TASP (Treatment as Prevention).
Malgré les progrès thérapeutiques, le quotidien demeure difficile pour de nombreuses personnes : 44,4 % disent souffrir souvent ou parfois de solitude, et 26,1 % se sont déjà senties rejetées en raison de leur séropositivité. Enfin, le VIH demeure souvent vécu en secret, y compris au sein de la famille : parmi les participants, deux tiers (66,6 %) indiquent qu’aucun de leurs parents (père, mère) n’est au courant de leur séropositivité.
[i] Sesstim (Sciences économiques et sociales de la santé & traitement de l’information médicale) est une unité mixte de recherche (UMR) sous tutelle d’Aix Marseille Université, de l’IRD et de l’Inserm. Menée en collaboration avec des chercheurs toulousains et lyonnais, l’étude VESPA-3 est financée par l’ANRS-MIE et menée en participation avec le collectif interassociatif TRT-5 CHV.
SFLS 2025 : les premiers résultats de VESPA-3 dévoilés
