Vaccin et VIH

La recherche sur le vaccin est plus dynamique que jamais et plusieurs équipes financées par Sidaction explorent des pistes qui pourraient aboutir à de nouvelles stratégies vaccinales.

Existe-t-il un vaccin contre le VIH / sida ?

Non, il n'existe pas de vaccin contre le VIH / sida. Si la recherche a considérablement progressé depuis le début de l’épidémie et a permis, pour ceux qui ont accès aux traitements, de vivre avec le VIH, un constat demeure : en 2020, on meurt toujours du VIH/sida dans le monde et aucune guérison n’est possible. Il n’existe pas non plus de vaccin.

Pourquoi la conception d’un vaccin est-elle si longue ?

Il faut garder à l’esprit que le processus de développement d’un vaccin requiert de longues années de recherche et de développement avant d’aboutir à un produit fini. Dans le cas du VIH, la complexité du virus (diversité génétique, fort taux de mutation) s’ajoute à la difficulté de mettre au point un vaccin rapidement. 

 

POURQUOI LE VACCIN CONTRE LA COVID-19 EST-IL PRESQUE UNE REALITE EN QUELQUES MOIS ET PAS CELUI CONTRE LE VIH APRES PLUS DE 30 ANS ?

A l’inverse du VIH, le SARS-Cov2 (virus à l'origine de la Covid-19) a une capacité de mutation très limitée et cause une infection aigu en ciblant les cellules des appareils respiratoires. La plupart des personnes en guérissent et arrivent à l’éliminer grâce à la réponse naturelle du système immunitaire. Le développement d’un vaccin est donc plus classique.

La mise au point d’un vaccin contre le VIH est très difficile, parce que :

  • De nombreux sous-types existent
  • Le VIH a une capacité à muter très rapidement et d’échapper au potentiel vaccin
  • Le VIH cible les lymphocytes T CD4 qui sont un composant très important du système immunitaire
  • Le VIH s’intègre dans le génome, persiste chez les personnes infectées et la réponse naturelle du système immunitaire ne l’élimine pas

 Pour plus d'information :

https://transversalmag.fr/articles-vih-sida/1383-COVID-19-pourquoi-un-vaccin-est-il-disponible-si-rapidement- 

L'avis de l'experte
Serawit Bruck-Landais
Directrice des programmes scientifiques et médicaux de Sidaction

Où en est la recherche vaccinale ?

Entre les effets d'annonce et une attente portée par le monde entier, la recherche vaccinale poursuit son chemin. Les nombreux essais menés jusqu’ici ont été peu concluants, hormis l’essai « Thaï » de 2009 qui a montré une efficacité de protection de 31%. Cet essai a aussi permis de démontrer que la stratégie de vaccination en plusieurs étapes renforce et maintient sur la durée un niveau de réponse contre le VIH. 

Par ailleurs, depuis le début de l’épidémie, la recherche fondamentale continue d’élucider les mécanismes cellulaires et viraux de l’infection par le VIH d’une part, et le fonctionnement du système immunitaire d’autre part. Ces connaissances approfondies permettent  alors d’identifier les meilleurs antigènes et de mieux élaborer les approches et stratégies vaccinales qui pourraient être efficaces. Depuis 2016, deux essais prometteurs (Uhombo et Imbokodo) sont en cours.

Quelle suite pour l’essai « Thaï » ?

Un essai adaptant le schéma de vaccin de l’essai Thaï au sous-type de VIH qui prédomine en Afrique australe est en cours. Les résultats de cet essai clinique Uhombo de phase 2b-3 HVTN702 (avec 5400 volontaires) seront disponibles à partir de 2020.

MAJ: Février 2020. L’essai clinique HVTN702 est arrêté pour cause d’inefficacité

Qu'est-ce que l’essai Imbokodo ?

Cet essai vaccinal a pour but de développer un vaccin préventif capable de protéger contre plusieurs variants du virus. Pour cela, les équipes de recherche de l’Ecole de médecine d’Harvard, menées par le professeur Dan Barouch, et l’industrie pharmaceutique Janssen ont développé un vaccin dit « mosaïque », composé d’ARN codant pour les protéines env, gag et pol du virus HIV, encapsidé dans des vecteurs viraux (Adenovirus 26 et Modified Vaccinia Ankara), et de la protéine gp140 (d’un virus de clade C) sous forme trimérique soluble. Ainsi, les vecteurs viraux, capables de mimer une infection, vont stimuler la réponse immunitaire. Comme ils contiennent des séquences génomiques de différents variants viraux, la réponse induite couvrira un large éventail de virus. Cet essai mené en Afrique du Sud a débuté fin 2017 et devrait recruter 2600 femmes séronégatives pour évaluer la sécurité́ d’emploi et l’efficacité́ de ce vaccin « mosaique ». Les premiers résultats de l’essai IMBOKODO sont attendus pour 2021. 

MAJ: Septembre 2021. L’essai clinique Imbokodo est à son tour arrêté pour cause d’inefficacité