vih AFRAVIH 2018 : PrEP, et les femmes dans tout ça ?

09.04.18
Nicolas Gateau
3 min

Majoritairement diffusée, en France, chez les hommes gays, la prophylaxie pré-exposition (PrEP) ne leur est pourtant pas exclusivement réservée. Ce moyen de prévention biomédical s’adresse en effet aussi aux femmes. Au troisième jour de l’AFRAVIH, la session consacrée à la PrEP offre – enfin – l’occasion de faire un point sur la PrEP au féminin.

Dès le début de la session, le docteur Bea Vuylsteke, de l’Institut de médecine tropicale d’Anvers, donne le ton : si la PrEP est un outil de prévention à destination des personnes fortement exposées, les femmes sont donc prioritairement concernées. Elle rappelle que, dans le monde, « le nombre de nouvelles infections chez les 15-24 ans est 44 % plus élevée chez les femmes ». Un taux important qui peut augmenter selon les situations, et notamment chez les travailleuses du sexe.

Déjà bien étudiée chez les HSH, l’efficacité de la PrEP chez les hommes ne fait plus débat. Est-ce le cas chez les femmes ? Oui. Si différents essais ont parfois rencontré des difficultés pour prouver l’efficience du dispositif en raison de la mauvaise observance des participantes, la recherche s’accorde aujourd’hui pour lui conférer près de 94 % d’efficacité potentielle.

Une spécificité néanmoins : plus longue à agir – une semaine, contre un jour pour les hommes -, la PrEP ne peut se prendre chez les femmes qu’en schéma quotidien. La raison est physiologique : le principe actif du Truvada®, le médicament employé dans le cadre de la PrEP, se diffuse moins bien et moins vite dans la muqueuse vaginale.

Efficace, la PrEP n’est pourtant pas facilement accessible aux femmes. Au niveau mondial, rares sont celles à y avoir accès : elles représentent environ 5 % des usagers en Europe et 15 % aux États-Unis. Cette diffusion au compte-goutte n’est pas un hasard : les obstacles s’accumulent quand on appartient au sexe féminin. Comme le souligne une étude qualitative menée aux États-Unis, les principaux facteurs de non-recours à la PrEP, notamment chez les sous-groupes de femmes les plus exposées, sont « le manque de confiance dans le système de santé » et la « stigmatisation ».

Intervenant à la suite du Dr Vuylsteke, Pauline Penaut, médecin responsable du Centre gratuit d’information, de dépistage et de diagnostic (CeGIDD) de Montreuil, déplore la situation : dans sa consultation, la moitié des personnes dépistées séropositives sont des femmes d’origine subsaharienne. Malheureusement, bien qu’elles soient particulièrement exposées, et identifiées comme telles par les recommandations, elles ont très peu recours à la PrEP. Pourquoi ? « Parce qu’on ne médicalise pas la grande précarité », répond à la tribune Pauline Penaut.

Particulièrement vulnérables, ces femmes ont finalement d’autres priorités que leur santé : un toit, de quoi vivre et des papiers. Sombrement intitulé « médicamenter ou accueillir : l’approche de la PrEP à destination des migrant.es. est-elle pertinente en France ? », un poster du Centre Population et Développement (Ceped) précise en ce sens que « l’offre de PrEP chez les migrants nécessite […] une offre de prise en charge qui prenne en compte à la fois les besoins sociaux et de santé de la personne ». Et d’ajouter : « On ne peut envisager l’accès à la PrEP des migrants sans une politique d’accueil associée ». Alors, médicamenter ou accueillir ? Les deux !

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