vih Allaitement et VIH : que disent les dernières recherches ?

31.03.23
Jennifer Pasquier
6 min

Les traitements contre le VIH actuels sont efficaces pour empêcher la transmission du virus de la mère à l’enfant pendant l’accouchement. Cependant, il existe une divergence dans les recommandations concernant l’allaitement maternel en raison du manque de données scientifiques.

Le lait maternel est l’un des fluides corporels – avec le sang, le sperme, les sécrétions vaginales ou rectales – qui peuvent transmettre le VIH. Bien que la recherche n’ait pas encore démontré que le risque est nul, comme c’est le cas pour la transmission sexuelle. 

U égal U est-il vrai pour l’allaitement ?

L’expression « indétectable égale intransmissible » (U=U) signifie qu’une personne vivant avec le VIH et dont la charge virale est indétectable grâce aux ARV ne peut pas transmettre le virus à ses partenaires sexuels. Cependant, les études sur le VIH et l’allaitement ont montré que le risque de transmission du virus par le lait maternel d’une mère vivant avec le VIH est très faible (<1%) lorsque sa charge virale est indétectable, mais pas nul. Néanmoins, la plupart des informations dont nous disposons sur le VIH et l’allaitement proviennent de pays aux ressources limitées, où l’allaitement est recommandé et où les anciens ARV sont courants. 

Dans les pays riches, les femmes prennent généralement des ARV plus récents et ont plus de chances d’avoir accès à une nourriture suffisante et à de l’eau potable. Par conséquent, l’allaitement peut affecter la santé de la mère et de l’enfant différemment selon le pays concerné. De plus, le lait maternel transmet également les anticorps de la mère au bébé, ce qui peut protéger l’enfant contre des maladies et des allergies courantes. Les professionnels de la santé doivent donc aider les parents à faire des choix éclairés sur la base des informations dont nous disposons aujourd’hui et apporter leur soutien à ceux qui choisissent d’allaiter leur bébé.

L’allaitement et le VIH dans le monde

Dans les régions à ressources limitées, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) recommande l’allaitement maternel pendant le traitement antirétroviral, car le lait maternel contient des substances qui protègent et renforcent le système immunitaire du bébé contre la diarrhée et d’autres maladies qui pourraient lui être fatales. En outre, l’alimentation au lait maternisé n’est pas toujours possible, faute d’argent pour l’acheter, d’eau propre pour le mélanger (si le lait maternisé est en poudre) ou de réfrigération pour le conserver au frais. Dans ces régions, les autorités sanitaires ont déterminé que les avantages de l’allaitement maternel l’emportent sur le risque de transmission du VIH. De plus, le fait de ne pas allaiter peut devenir un biais de divulgation non désirée de leur statut VIH si les membres de leur communauté s’interrogent sur les raisons pour lesquelles elles utilisent du lait maternisé.

Dans les régions où les ressources sont abondantes, des organisations telles que l’European AIDS Clinical Society (EACS) et la British HIV Association (BHIVA) recommandent aux femmes vivant avec le VIH d’éviter l’allaitement et d’utiliser plutôt des préparations pour nourrissons. Ces directives reposent sur l’idée que le risque de transmission du VIH par le lait maternel, même s’il est faible, doit pouvoir être évité lorsque les parents ont accès à d’autres options. 

Toutefois, les directives cliniques américaines sur le VIH périnatal mises à jour le 31 janvier 2023 viennent bousculer cet état de fait. En effet, ces nouvelles directives recommandent aux prestataires de soins de santé de ne plus décourager l’allaitement et de discuter d’un éventail d’options d’alimentation du nourrisson avec les femmes qui vivent avec le VIH. Elles reconnaissent également le désir de certaines femmes vivant avec le VIH d’allaiter et suggèrent aux prestataires de soins de santé des moyens de soutenir les parents qui envisagent cette option. Ces nouvelles recommandations soulignent l’importance de comprendre les risques et les avantages des différentes options d’alimentation du nourrisson en fonction de la situation individuelle des parents et de la disponibilité des ressources.

Dans les régions où l’accès à l’eau potable, à la réfrigération et aux soins médicaux est limité, les avantages de l’allaitement pour la santé des nourrissons peuvent l’emporter sur les risques, à condition que la mère suive un traitement antirétroviral efficace. Dans les régions plus riches en ressources, les recommandations actuelles préconisent d’éviter l’allaitement. 

Quels facteurs peuvent affecter le risque de transmission du VIH pendant l’allaitement ?

Le risque de transmission du VIH pendant l’allaitement peut être influencé par plusieurs facteurs :

– Les nouveaux parents peuvent rencontrer des défis pour être observants, tels que l’oubli de prendre leur traitement ou de se rendre à leurs rendez-vous médicaux. Cela peut augmenter la charge virale de la mère et accroître le risque de transmission du VIH au bébé.

– L’inflammation de l’intestin du bébé peut également augmenter le risque de transmission, car le virus peut plus facilement pénétrer dans la circulation sanguine du bébé.

– Les infections mammaires, fréquentes chez les mères qui allaitent, peuvent également augmenter le nombre de cellules inflammatoires infectées par le VIH dans la zone de l’infection.

– La santé des mamelons est un autre facteur à prendre en compte, car les mamelons crevassés peuvent exposer le bébé à une partie du sang de sa mère, ce qui augmente le risque de transmission.

– Enfin, l’engorgement des seins peut augmenter la charge virale dans le lait maternel et également augmenter le risque de transmission.

Pour résumé, l’allaitement maternel présente de nombreux avantages pour la santé du bébé, notamment une nutrition optimale, une protection contre les maladies et les allergies, ainsi qu’une réduction du risque d’obésité et de diabète plus tard dans la vie. Il est également bénéfique pour les mères en termes de lien affectif, de santé mentale et de réduction des risques de cancer du sein et de l’ovaire, d’hypertension artérielle et de diabète. Cependant, l’allaitement présente également des risques et des défis, tels que la transmission du VIH, les difficultés d’allaitement, les considérations juridiques, la coercition familiale et le manque de soutien général pour l’allaitement. 

Dans les pays où les recommandations cliniques découragent les femmes vivant avec le VIH d’allaiter, le choix d’allaiter peut être stigmatisé et donner lieu à des poursuites pénales. Dans l’ensemble, l’allaitement maternel peut être un choix bénéfique pour de nombreuses mères et nourrissons, mais il est important de comprendre les risques et les défis potentiels avant de prendre une décision. Les mères atteintes du VIH souhaitant allaiter, doivent consulter leur prestataire de soins de santé pour obtenir des conseils sur la meilleure façon de nourrir leur bébé tout en minimisant le risque de transmission du VIH.

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