vih Charge virale : ce que l’on sait, ce qu’il reste à découvrir

13.07.23
Angeline Rouers
5 min

Lorsque l’on parle d’infection par le VIH, le terme de charge virale est nécessairement abordé. Mais de quoi parle-t-on exactement ? Comment la mesure-t-on et pourquoi les chercheurs et cliniciens y attachent tant d’importance ? Voici l’essentiel à savoir sur la charge virale.

Qu’est-ce que la charge virale ? Il s’agit du nombre de particules virales présentes dans 1 millilitre (ml) de sang ou, dit plus simplement, la quantité de virus présent dans le sang circulant. Le virus VIH a besoin des cellules pour se multiplier et donc créer des copies de lui-même. C’est pour cette raison que la charge virale est souvent exprimée en copies/ml.

Comment évolue la charge virale au cours de l’infection ?

Au début d’une infection par le VIH, le virus va se répliquer à grande vitesse pour devenir détectable aux alentours de 7 à 10 jours après l’infection. Avant cela on parle d’« éclipse » ou « fenêtre virologique », période pendant laquelle le virus ne peut pas être détecté par les technologies actuelles (le seuil actuel de quantification des appareils les plus performants se situe à environ 10-20 copies/ml) [i]. 

Pour quantifier la charge virale, on utilise une technique de biologie moléculaire qui permet de détecter le matériel génétique du virus VIH et d’en mesurer la concentration dans un échantillon de sang : la RT-PCR pour reverse transcriptase-polymerase chain reaction.

Le principe de la RT-PCR est d’amplifier le génome viral, comme une photocopieuse, afin de le détecter. Cette amplification spécifique du génome VIH dans un échantillon contenant différentes sources de matériel génétique (ADN et ARN propre aux cellules) est possible grâce à l’utilisation de sondes reconnaissant des séquences de l’ARN du VIH. 

Bien que la détection de la charge virale soit généralement réalisée dans le sang, le virus peut se retrouver dans de nombreux fluides tels que le sperme, les sécrétions vaginales, le lait maternel, la salive, le liquide céphalorachidien ou encore les larmes. La charge virale présente se concentre différemment selon les sécrétions. Par exemple, dans la salive ou les larmes, les quantités de virus sont si faibles qu’elles ne peuvent en aucun cas mener à une contamination en cas d’exposition [ii]. 

Un outil de suivi de l’infection

Au-delà de la mesure de la charge virale pour le diagnostic en primo-infection [iii], celle-ci permet aussi un suivi au plus proche des personnes vivant avec le VIH, afin d’évaluer la sévérité de l’infection et le succès du traitement antirétroviral (ARV). 

Les ARV bloquent la réplication du virus et contrôlent donc directement la charge virale dans le sang. Un traitement efficace se caractérise par le maintien d’une charge virale dite indétectable, c’est-à-dire en dessous du seuil de détection des instruments de mesure, soit 20 copies/ml. Ce seuil dépend bien sûr de la sensibilité de l’appareil utilisé, ce qui rend la définition de charge virale indétectable difficile à universaliser. Le consensus est donc souvent fixé à 50 copies/ml [iv].

Aujourd’hui, les chercheurs s’intéressent, dans le contexte du suivi clinique, à la détection du virus dans la salive. Pourquoi ? Une étude révèle que bien que la charge virale de la salive soit largement plus basse que celle dans le sang, la salive pourrait être un échantillon beaucoup plus simple d’accès pour le suivi clinique et en particulier pour explorer les cas de résistance aux ARV chez certains patients [v]. 

Par ailleurs, les études sur le sujet sont maintenant suffisamment nombreuses : le maintien de la charge virale à un niveau indétectable par les ARV joue un rôle majeur dans le contrôle de la transmission du VIH aux partenaires sexuels [vi]. C’est la raison pour laquelle les personnes vivant avec le VIH sont encouragées à tester leur charge virale régulièrement afin de s’assurer que les ARV sont toujours efficaces et qu’aucun phénomène de résistance n’apparaît. 

Qu’en est-il de la charge virale dans le sperme ? 

Les ARV permettent de réduire significativement la charge virale dans le sang mais également dans le sperme. Pourtant, des études ont montré que dans certains cas, bien qu’indétectable dans le sang, la charge virale reste détectable dans le sperme [vii]. 

Le pouvoir infectieux de ce virus résiduel n’est pas clairement démontré et ne remet pas en cause le rôle crucial des ARV dans la réduction de la transmission mais les chercheurs tentent de comprendre les facteurs qui influencent la présence de virus dans le sperme alors qu’il n’est plus détectable dans le sang [vii, viii]. 

Deux paramètres majeurs peuvent expliquer la détectabilité de la charge virale dans le sperme d’une personne sous traitement ARV : la présence d’autres infections sexuellement transmissibles [ix] et la consommation de cannabis [viii] qui pourraient augmenter la charge virale. 

Notes et références

[i] https://www.afrapedia.org/vih/les-outils-virologiques

[ii] https://www.sida-info-service.org/transmission-vih-sida-salive/

[iii] Le virus est détectable quelques jours après une infection, une recherche de charge virale est donc effectuée en cas de suspicion d’infection très précoce, avant qu’une sérologie (détection des anticorps dirigés contre le VIH) ne soit possible. La sérologie, si la fenêtre immunologique le permet, est souvent privilégiée car moins coûteuse et plus rapide.

[iv] https://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1111/hiv.12025

[v] https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC3111737/

[vi] https://www.unaids.org/sites/default/files/media_asset/undetectable-untransmittable_fr.pdf

[vii] https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/26282407/

[viii] https://vih.org/20140623/charge-virale-indetectable-quen-est-il-dans-le-sperme/

[ix] https://www.inspq.qc.ca/sites/default/files/publications/1812_charge_virale_vih.pdf

Agissez
Pour lutter contre le VIH/sida
Je donne
45€

Pour informer
24 personnes
sur le dépistage.

Faire un don
hearts

Pour contribuer à lutter contre le VIH

Nos actus

Toutes les actus
Restez informés En vous inscrivant à la newsletter
Vous acceptez que cette adresse de messagerie soit utilisée par Sidaction uniquement pour vous envoyer nos lettres d’information et nos appels à la générosité. En savoir plus sur la gestion de vos données et vos droits.
Partagez,
likez,
tweetez
Et plus si affinités