La coïnfection par le VIH et la tuberculose reste un problème de santé publique majeur pour le continent africain. Le point sur une situation qui nécessite une double prise en charge.
Selon un rapport de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) [1], en 2016, plus d’un million de personnes vivant avec le VIH (PVVIH) dans le monde étaient aussi infectées par la tuberculose (TB), et 374 000 en sont mortes… À elle seule, l’Afrique concentrait 82 % des cas de coïnfection. «Ces chiffres sont stupéfiants, sur tout que la tuberculose peut être prévenue et traitée», s’indigne la D’ Lucica Ditiu, directrice exécutive du partenariat international Halte à la tuberculose.
La tuberculose est une maladie contagieuse due au bacille de Koch. Ce germe affecte géné ralement les poumons et peut alors provoquer une tuberculose dite pulmonaire, se manifes tant notamment par de la toux, des crachats parfois teintés de sang et de la fièvre.
Le bacille peut rester dans l’organisme à l’état «dormant» pendant des années. Ainsi, seules 5 % à 1O % des personnes infectées développent la maladie. Mais les personnes immunodéprimées ont plus de risque de développer une tuberculose, particulièrement les personnes malades du sida pour lesquelles ce risque est 21 fois plus élevé.
Une association dangereuse
Le VIH favorise la conversion de la TB latente en TB active. Et une TB active peut entraîner une chute du taux des CD4 et une augmentation de la charge virale, ce qui accroît le risque d’une évolution vers le stade sida. La tuberculose est responsable de la mort d’un tiers des malades du sida dans le monde, dont 40 % en Afrique.
Des traitements anti-TB efficaces existent depuis les années 1940. Problème • l’Afrique est confrontée à « de grandes lacunes en matière de détection et de traitement de la TB », souligne l’OMS. « If est crucial de s’assurer que toutes les PVVIH font l’objet d’un dépistage de la TB et que toutes les personnes atteintes par la TB se voient systématiquement proposer un test VIH, insiste Lucica Ditiu. // faut aussi améliorer l’accès aux antirétroviraux (ARV). » Le double traitement a en effet une action croisée bénéfique. « Lorsque le traitement de la TB latente est associé à un trai tement antirétroviral, le risque de TB active chute d’environ 90 %. Si les PVVIH développent une TB active, un accès immédiat aux ARV et au traite ment anti-TB peut réduire de 50 % le risque de décès», précise l’Onusida.
Selon Lucica Ditiu, l’amélioration de la situation suppose un « changement de paradigme», afin d’aller vers davantage de« stratégies com munautaires» pour le dépistage et la prise en charge du VIH et de la TB. Il s’agit de favoriser les actions menées par des agents commu nautaires issus du tissu associatif de la société civile. Des actions qui ont fait leurs preuves et dont « la mise en œuvre et l’élargissement restent insuffisants », souligne l’OMS.
La Tanzanie et le Zimbabwe figurent parmi les pays africains les plus avancés en matière de traitement de la coïnfection. Selon l’OMS, plus de 80 % des patients atteints de tuberculose au Zimbabwe et plus de 90 % en Tanzanie connaissent leur sérologie VIH. Et, respectivement, près de 90 % et 83 % des personnes tuberculeuses séropositives ont accès à un traitement antirétroviral. Au Zimbabwe, ces progrès ont permis une réduction de plus de 70 % des décès liés à la coïnfection VIH/TB.
Mais pour gagner la bataille, il faudra « une volonté et des actions politiques accrues, et une meilleure coordination et intensification des efforts anti-TB », reprend Lucica Ditiu. Enfin, il faudra aussi réunir plus de financements. Car, comme le rappelle l’OMS, « des déficits de finan cement subsistent».
[1] Rapport sur la tuberculose dans le monde, OMS, 2017.