vih Fonds mondial : « La notion de santé comme bien public international a totalement disparu »

15.06.16
Anaïs Giroux
4 min

En vue de la Conférence de reconstitution des ressources du Fonds mondial de lutte contre le sida, Aides et Coalition Plus ont organisé une réunion entre acteurs de la lutte qui s’est tenue le 14 avril à Paris.

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Le 16 septembre aura lieu à Montréal la cinquième Conférence de reconstitution des ressources du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme (FM). Une réunion décisive lors de laquelle les acteurs du combat contre le VIH espèrent bien voir les pays contributeurs réaffirmer leur engagement financier pour la période 2017-2019. Ayant permis – entre autres – à la moitié des 17 millions de personnes séropositives sur terre d’initier un traitement (1), le FM est en effet considéré comme un outil primordial de soutien aux programmes de santé nationaux.

Plusieurs pays contributeurs ont d’ores et déjà annoncé qu’ils allaient non seulement allouer les sommes promises au FM pour la fin du cycle 2014-2016, mais qu’ils augmenteraient même leur participation pour le cycle suivant. Plus 20 % par exemple pour le Canada, qui accueillera la conférence de septembre. La France, deuxième contributeur du FM après les Etats-Unis, va-t-elle leur emboîter le pas ? C’est ce que souhaitent Les Amis du Fonds mondial Europe, AIDES et Coalition PLUS, qui ont réunit le 14 avril au Palais Brogniart à Paris plusieurs personnalités politiques lors d’une table ronde pour construire cet argumentaire.  

Dans un premier temps, les experts présents autour de la table ont dressé le constat des progrès accomplis en matière de lutte contre le VIH/sida, contre la tuberculose et le paludisme, ainsi que du chemin restant à parcourir. Tous ont soutenu que pour atteindre l’objectif des 3*90 fixés par l’Onusida, les montants promis actuellement par les pays contributeurs ne suffiraient pas. L’infectiologue Stefano Vella a en outre souligné que les personnes constituant les 3*10 % restants faisaient justement partie « des groupes les plus marginalisés et donc les plus à risque de transmettre le virus du sida ».

Que fera la France ?

C’est ensuite la question des causes du désengagement des états contributeurs au FM qui a été débattue. Michèle Barzach, ancienne ministre de la Santé, a ainsi dénoncé un « retour en arrière au niveau de la santé » : « Il y a une baisse de l’engagement au niveau international et une baisse des ingrédients qui ont permis de construire ce que l’on a construit », a déploré l’ancienne présidente des Amis du Fonds mondial Europe. « La volonté d’aider les autres n’existe pas » non plus pour l’ancien ministre des Affaires étrangères Bernard Kouchner, qui pointe du doigt un « rejet de ce qu’est le FM, c’est-à-dire le seul vrai résultat positif du multilatéralisme, car il y a aujourd’hui un rejet de tout ce qui est global et un retour au bilatéralisme ».

« Je partage cette analyse », a renchérit Michel Kazatchkine, ancien directeur du FM aujourd’hui envoyé spécial auprès du secrétaire général des Nations-Unies sur la question du sida en Europe de l’Est et en Asie.

« La notion de santé comme bien public international a totalement disparu, a-t-il poursuivi, nous sommes dans une mondialisation fragmentée sur le plan géopolitique. (..) Comment peut-on alors construire ensemble la santé mondiale ? Il y avait avant une notion de solidarité entre les riches et les pauvres, mais aujourd’hui 65 % des personnes vivant avec le VIH se situent dans des pays à revenu intermédiaire. Et ils sont sur le point d’être lâchés par le FM qui est resté sur une vision Nord/Sud, verticale, du développement ! »

Une affirmation que s’est empressée de démentir Marijke Wijnroks, la directrice de cabinet du Fonds mondial également présente, qui a aussi remercié la France pour tous ses apports au FM.

Désengagement et retour en arrière

  1. N.B.: Rien n’indique si ce traitement est poursuivi par ailleurs.
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