vih Lenacapavir : pour qui est destinée cette nouvelle molécule ?

19.09.23
Angeline Rouers
4 min

Le 22 août 2022, le tout premier inhibiteur de capside obtenait son autorisation de mise sur le marché en Europe. Il s’agit du lenacapavir, connu sous le nom commercial de Sunlenca®. Disponible en comprimé ou en solution injectable, cette molécule est indiquée pour les personnes infectées par des souches du VIH multirésistantes.

Un large éventail de molécules existe aujourd’hui pour contrôler efficacement l’infection par le VIH [i]. Parmi les plus répandues, des inhibiteurs de la transcriptase inverse, de la protéase ou encore de l’intégrase. Ces molécules sont capables de stopper la réplication du virus à différents stades de son cycle et sont le plus souvent combinées pour encore plus d’efficacité. 

Le lenacapavir apporte une nouvelle munition à l’attirail thérapeutique puisqu’il s’agit d’une nouvelle classe d’inhibiteur de la capside, jusqu’ici inexistante. Son nouveau mécanisme d’action permet d’atteindre et bloquer les virus devenus multirésistants. Actuellement, Le lenacapavir est conseillé en injection tous les 6 mois en complément du traitement ART classique. 

A qui s’adresse ce traitement ?

« Le traitement par lenacapavir reste en effet une mesure exceptionnelle » indique le Professeur Jean-Michel Molina, infectiologue à l’hôpital Saint-Louis et Lariboisière à Paris et coordinateur de l’essai CAPELLA ayant démontré l’efficacité du lenacapavir. « La molécule est efficace contre les souches multirésistantes et s’adresse aux patients en échec thérapeutique, pour qui le traitement actuel ne permet plus de contrôler l’infection » souligne Jean-Michel Molina. Il n’est donc pas prévu de l’inclure en routine. 

Rappelons que dans la majorité des cas, les molécules dites classiques sont très efficaces et l’apparition de multirésistances – bien qu’en croissance d’après les chiffres de l’OMS [ii] – ne concerne qu’une minorité de PVVIH et peut parfois être maitrisée en ajustant la combinaison de molécules sans forcément introduire le lenacapavir d’emblée. 

Pour administrer le lenacapavir, une analyse détaillée de la situation du patient est d’ailleurs réalisée en amont afin d’en estimer les bénéfices. Les antécédents thérapeutiques et les données virologiques liées à l’infection sont passés en revue et discutés au sein d’un comité pluridisciplinaire afin de décider d’introduire ou non l’inhibiteur de capside au protocole thérapeutique.

Autre point important, le lenacapavir doit faire l’objet d’une observance rigoureuse pour éviter toute émergence d’une nouvelle résistance. Ce critère entre donc en compte lorsque la décision doit être prise d’administrer la molécule au patient.   

Comprimé oral ou solution injectable : quelle différence ? 

En plus de la solution injectable, le lenacapavir existe aussi en comprimés. Lors des essais cliniques, l’administration orale en comprimés était initiée pendant 14 jours avant de passer à l’injection tous les 6 mois. L’avantage étant d‘atteindre rapidement des concentrations suffisantes du médicament. 

Depuis sa mise sur le marché, le lenacapavir sous sa forme injectable est privilégié mais de récentes études se sont penchées sur l’utilisation du comprimé en relai des injections, lorsque celles-ci doivent être stoppées, en cas d’indisponibilité du produit par exemple ou d’effets indésirables comme des nodules au site d’injection [iii]. 

C’est notamment le cas d’une étude présentée à l’IAS de Brisbane de juillet dernier [iv] par le Professeur Jean-Michel Molina : « Il y a peu de patients et un recul limité, mais il semble qu’un comprimé par semaine ait une efficacité similaire aux injections tous les 6 mois, cette option va possiblement être étudiée plus en détails » explique-t-il. 

Depuis un an, le lenacapavir vient compléter la panoplie de molécules disponibles contre le VIH. En juin dernier, la molécule a été inscrite sur les listes des spécialités remboursables mais son utilisation reste tout de même exceptionnelle, s’agissant surtout d’un dernier recours pour les patients en échec thérapeutique. 

Un horizon qui pourrait changer dans les années à venir puisque le lenacapavir est aussi évalué en PrEP : « Nous attendons les résultats des essais de phase 3 avec impatience chez les femmes et les HSH [hommes ayant des relations sexuelles avec les hommes, ndlr], peut-être en 2024, plus surement en 2025 » indique Jean-Michel Molina. 

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