vih Les femmes et les jeunes filles face au VIH, quelles pistes pour agir ?

02.05.23
Kheira Bettayeb
6 min

Les femmes continuent de payer un très lourd tribut à l’épidémie de VIH. Notamment en Afrique et dans les Caraïbes, où les adolescentes et les jeunes femmes âgées de 15 à 24 ans sont particulièrement concernées. Les solutions pour donner aux femmes les moyens de se protéger existent pourtant.

Les derniers chiffres du Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida (Onusida) sont alarmants : en Afrique subsaharienne, une adolescente ou une jeune femme âgée entre 15 et 24 ans est infectée par le VIH toutes les trois minutes [i]. Dans cette région, « les femmes et les filles continuent d’être touchées de manière disproportionnée par le VIH, représentant 63 % des nouvelles infections à VIH en 2021 », précise Onusida dans un rapport paru en janvier 2023 [ii]. Au total, en Afrique subsaharienne, les adolescentes et les jeunes femmes âgées entre 15 et 24 ans ont trois fois plus de risque d’être contaminées que leurs homologues masculins.

La situation reste également inquiétante dans les Caraïbes, deuxième zone avec la prévalence du VIH la plus élevée après l’Afrique subsaharienne. Selon Onusida, si cette zone a fait d’importants progrès dans sa riposte au VIH, avec une diminution de 28 % du nombre de personnes nouvellement infectées par le VIH entre 2010 et 2021, les adolescentes et les jeunes femmes de 15-24 ans continuent à représenter 14 % des nouvelles infections, contre 11 % pour les adolescents et les jeunes hommes du même groupe d’âge.

En Europe de l’Ouest, les femmes représentent 31 % des nouvelles infections en 2021, et les adolescentes et les jeunes femmes de 15-24 ans, 7 %, selon Onusida. En France, en 2021, les femmes hétérosexuelles nées à l’étranger représentaient encore le deuxième groupe en termes de nombre de découvertes de séropositivité (1100 environ), après les hommes ayant des rapports sexuels avec les hommes (HSH) (1600 environ), d’après des chiffres de Santé publique France communiqués en décembre 2022 [iii]. 

Les femmes, plus vulnérables face au VIH

Les raisons pour lesquelles les femmes sont plus exposées au VIH sont multiples. Tout d’abord, d’un point de vue biologique, les femmes ont deux à quatre fois plus de risque d’être infectées par le VIH lors d’un rapport hétérosexuel que les hommes. En cause : la plus grande étendue et la plus grande fragilité de la muqueuse qui tapisse l’intérieur du vagin.

Ensuite, peuvent également influer plusieurs socio-économiques. Ainsi, « la stigmatisation et la discrimination sexuelle ont un impact sur la capacité des filles et des jeunes femmes à rechercher des services de santé et à prendre des décisions éclairées pour protéger leur santé, y compris celles qui les aident à éviter de contracter le VIH. En outre, la violence sexiste à leur encontre peut également les dissuader de négocier des rapports sexuels protégés, ce qui les expose à un risque accru d’exposition au VIH », explique le rapport « Triple dividende : les atouts sanitaires, sociaux et économiques du financement de la riposte au VIH en Afrique » [iv], réalisé par l’entreprise anglaise Economist Impact, soutenu par Onusida, et publié le 12 avril 2023. 

Afin de mieux protéger les adolescentes et les jeunes femmes, dans « un appel à une action accélérée pour réduire les nouvelles infections », publié en fin 2022 dans la revue scientifique IJID régions [v], Grant Murewanhema, épidémiologiste au département de médecine de l’Université du Zimbabwe, et ses collègues proposent plusieurs solutions : « Prononcer des peines plus sévères pour les agresseurs sexuels, autonomiser économiquement les adolescentes et les jeunes femmes, accroître l’offre qui leur est destinée en matière d’éducation et de services en matière de santé et de droits sexuels, augmenter leur l’accès à la PrEP et la prophylaxie post-exposition (PPE) [vi] et au traitement du VIH comme moyen de prévention, et accroître l’engagement et l’éducation des communautés sur les questions de santé et de droits sexuels ».

Des pistes pour agir

Des interventions de ce type se sont déjà révélées fructueuses. Notamment, après que des investissements conséquents du Fonds mondial aient permis à des adolescentes et jeunes femmes de bénéficier de programmes de prévention contre le VIH, entre 2010 et 2021. Durant cette période, Onusida a enregistré une baisse moyenne de près de 60 % de l’incidence du VIH chez les adolescentes et les femmes de 15-24 ans vivant dans 13 pays d’Afrique subsaharienne classés « prioritaires », à cause de leur forte incidence du VIH : Afrique du Sud, Botswana, Cameroun, Eswatini, Kenya, Lesotho, Malawi, Mozambique, Namibie, Ouganda, Tanzanie, Zambie et Zimbabwe.

« Pour mettre fin au sida d’ici 2030, le monde doit investir massivement dans la réduction de la transmission du virus parmi les adolescentes et les jeunes femmes », souligne le Fonds mondial dans son « Rapport 2022 sur les résultats » [vii].

Selon des recherches et des analyses conduites par Economist Impact et l’Onusida dans treize pays africains, si les investissements alloués à la lutte contre l’épidémie de VIH augmentaient,  « en Afrique du Sud, par exemple, les adolescentes âgées de 15 à 19 ans représenteraient près de 15 % du recul des nouvelles infections d’ici 2030, alors qu’elles constituent moins de 5 % de la population totale. » Pourquoi ? Parce que ces financements conséquents permettraient d’éduquer et de sensibiliser largement les adolescentes et les jeunes femmes à la nécessité de se protéger contre le VIH et de se faire dépister et de se soigner si nécessaire. De quoi renverser sérieusement la tendance.

Agissez
Pour lutter contre le VIH/sida
Je donne
45€

Pour informer
24 personnes
sur le dépistage.

Faire un don
hearts

Pour contribuer à lutter contre le VIH

Nos actus

Toutes les actus
Restez informés En vous inscrivant à la newsletter
Vous acceptez que cette adresse de messagerie soit utilisée par Sidaction uniquement pour vous envoyer nos lettres d’information et nos appels à la générosité. En savoir plus sur la gestion de vos données et vos droits.
Partagez,
likez,
tweetez
Et plus si affinités