vih VIH chez les migrants LGBTQ+ : les contaminations surviennent majoritairement en France

21.10.23
Jennifer Pasquier
4 min

Une récente étude présentée lors de la 19e Conférence européenne sur le SIDA (EACS 2023) à Varsovie, Pologne, a mis en lumière une réalité préoccupante concernant les migrants homosexuels et bisexuels vivant avec le VIH en France. Selon cette recherche, 62 % d’entre eux ont contracté le VIH après leur arrivée dans le pays.

Une étude, dont les résultats ont été dévoilés sur poster lors de la dernière édition de la Conférences européenne sur le Sida (EACS 2023), pointe la situation particulièrement fragile des personnes migrantes homosexuelles en France face au VIH. Baptisée GANYMEDE, cette recherche s’est concentrée sur 1159 hommes homosexuels et bisexuels séropositifs fréquentant 14 centres de soins de la région parisienne. 

En moyenne, ces individus âgés de 43 ans résidaient en France depuis 18 ans et suivaient un traitement pour le VIH depuis six ans. 29 % des participants étaient originaires d’Amérique du Sud, 21 % d’autres pays européens, 16 % d’Afrique du Nord, 15,5 % d’Afrique subsaharienne, 15 % d’Asie ou d’Océanie, et 3 % d’Amérique du Nord. Les chiffres concernant leur taux de lymphocytes CD4 à leur diagnostic indiquaient une récente infection, bien que 5,4 % d’entre eux aient présenté une maladie définissant le stade sida. 

Diversité des parcours et facteurs de risque

Les chercheurs ont pu déterminer avec précision la date d’acquisition du VIH pour environ la moitié des participants. Pour l’autre moitié, cette date a été établie à partir des dossiers médicaux ou estimée à l’aide de leur taux de CD4 avant le début de leur traitement antirétroviral. Les données suggèrent que 62 % des participants ont contracté le VIH après leur arrivée en France, bien que cette proportion varie considérablement selon la région d’origine. La grande majorité des Nord-Africains (85 %) et des personnes originaires d’Asie et d’Océanie (73 %) ont acquis le VIH en France. En revanche, les résultats de l’étude revèlent que les participants originaires d’Amérique du Sud étaient plus souvent infectés avant leur arrivée. 

Plus inquiétant encore, les hommes d’Asie et d’Afrique subsaharienne étaient particulièrement exposés à un risque de transmission dans leur première année en France. Les hommes âgés de plus de 30 ans étaient moins susceptibles de contracter le VIH en France que les hommes plus jeunes, mais leur risque d’acquisition au cours de la première année était 12 % plus élevé. 

Les hommes ayant eu plus de dix partenaires sexuels au cours de leur première année de présence en France étaient 7,6 fois plus susceptibles de contracter le VIH que ceux ayant eu moins de partenaires. De plus, les hommes confrontés à des facteurs de vulnérabilité sociale tels que le sans-abrisme ou le chômage étaient 2,5 fois plus à risque de contracter le VIH.

Vulnérabilité sociale

Les résultats de l’étude ont également mis en lumière les nombreux défis auxquels sont confrontés les immigrants. Près de 50 % ont déclaré ne pas parler français à leur arrivée en France, et environ 25 % étaient des demandeurs d’asile ou des migrants non documentés. De plus, 28 % n’avaient aucune couverture médicale, 8 % étaient sans-abri au cours de leur première année en France, 27 % étaient au chômage, et plus de la moitié ont affirmé manquer d’argent. 37 % des participants étaient venus en France dans le but de poursuivre leurs études, tandis que 35 % avaient fui la persécution en raison de leur orientation sexuelle. Seulement 10 % ont invoqué des raisons médicales, la majorité d’entre eux étant déjà porteurs du VIH.

A suivre l’étude, le risque accru d’acquisition du VIH pourrait s’expliquer par l’accumulation de facteurs de vulnérabilité et des changements de comportement sexuel, favorisés par un environnement sexuellement plus permissif que les pays d’origine. En ce sens, les données révélées par cette étude soulignent l’importance cruciale de mieux comprendre et d’adresser les besoins spécifiques des migrants LGBTQ+ en France pour réduire la prévalence du VIH au sein de cette communauté.

Notes et références

[i] Palich R et al. High proportion of post-migration HIV acquisition in foreign-born men who have sex with men receiving HIV care in France, and association with precariousness and sexual behaviour: results of the ANRS-MIE GANYMEDE study. 19th European AIDS Conference, Warsaw, poster P.C1.035, 2023.

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