3 questions à Moncef Mouhoudoire

Quelles sont les conséquences des discriminations à Mayotte ?

Je ne parlerais pas tant de discriminations que d’autostigmatisation, car tout le monde tait sa séropositivité. C’est tellement secret qu’au sein même d’un couple, les personnes ne savent pas que leur conjointe est séropositif-ve. Pour ne pas éveiller les soupçons de leur partenaire régulier, elles continuent d’avoir des rapports sans préservatif. Sinon leur secret serait éventé et les conséquences seraient désastreuses.

Quelles sont les raisons de cette impossibilité de parler au sein même du cercle proche ?

À Mayotte, les gens préfèrent la mort physique à la mort sociale. Être mis à l’index par la société, c’est juste inimaginable. Contrairement à la métropole, où la société est plutôt individualiste, ici, le groupe prime sur l’individu et régit la vie de tout un chacun.

Qu’en est-il du nombre de personnes séropositives à Mayotte ?

Le nombre de personnes vivant avec le VIH effectivement suivis était récemment de 273. Mais ce chiffre est trompeur, car beaucoup ignorent leur séropositivité. De plus, des patients quittent le territoire quand ils apprennent leur statut sérologique. Les métropolitains repartent chez eux, des Mahorais s’exilent à la Réunion ou en métropole. Et les migrants se font ramener à la frontière par la police.