vih Hervé Rivier, une vie vouée aux autres

14.04.24
Romain Loury
5 min
Visuel Hervé Rivier, une vie vouée aux autres

Ancien président de l’association montpelliéraine ENVIE, Hervé Rivier est décédé, mi-avril, à l’âge de 78 ans. Au terme d’un chemin de vie certes semé de moments durs, mais dont il a fait une force au service des autres.

« Quand je regarde mon parcours, j’en suis assez fier. J’ai eu un comportement altruiste qui m’a étonné », s’amusait-il. Président d’ENVIE de 2002 à 2020, Hervé Rivier est décédé à l’âge de 78 ans, a annoncé l’association montpelliéraine le 12 avril. Et c’est justement cet altruisme, mais aussi son sens de l’écoute, sa bonté et son humour qu’ont salués ses proches, lors de la cérémonie d’adieu organisée vendredi 19 mai.

Transversal l’avait rencontré en novembre 2020 à son domicile montpelliérain, alors que la France traversait son deuxième confinement. Sans autre masque que celui imposé par les conditions sanitaires, il s’était confié pendant près de deux heures sur son parcours de vie. Un chemin souvent difficile qui l’avait mené, contre toute attente selon lui, à présider une grande association de lutte contre le VIH. Un combat où son engagement, pour l’association ENVIE et au service des autres, fut exemplaire,

L’ENVIE d’aider les autres

L’histoire d’Hervé est indissociable de sa relation avec Luc, rencontré en juin 1974 à Paris. Et, bien sûr, de sa vie avec le VIH, après que le couple, tout juste arrivé à Montpellier pour y tenter sa chance, apprend sa séropositivité au cours de l’été 1985. Fin 1986, Hervé et Luc ferment leur restaurant montpelliérain, regagnent Paris. Hervé retrouve son emploi d’employé de banque, mais Luc s’épuise peu à peu, et contracte un lymphome. S’il en réchappe, il ne s’en remettra jamais, tant au physique qu’au moral. S’enchaînent dépression, alcoolisme et tentatives de suicide. Afin de changer d’air, le couple se réinstalle à Montpellier, à la fin des années 1990. C’est là qu’Hervé fait une rencontre fondamentale, celle de Grégory Bec, psychologue appelé à la rescousse pour venir en aide à Luc.

En 1997, Grégory Bec a fondé l’association montpelliéraine ENVIE, qui apporte soutien moral et physique aux personnes vivant avec le VIH -en 2008, il lancera « Les petits bonheurs ». « J’ai été immédiatement séduit par cette association. Je sais gré à Grégory d’avoir ouvert ce lieu qui a fait du bien à beaucoup de personnes. C’était un moment où il fallait créer un projet de vie, après des années d’un projet de mort », se souvenait Hervé. Avec Luc, ils s’engagent tous deux comme bénévoles auprès de l’association, s’y investissant dans la création d’un magazine trimestriel, « L’avis d’ENVIE ». Lorsque Grégory Bec quitte l’association, en 2002, Hervé saute le pas, et en devient le président, par crainte qu’elle disparaisse.

A la tête d’ENVIE, Hervé, qui sera par ailleurs vice-président du COREVIH Occitanie, s’engage pour casser la solitude des personnes vivant avec le VIH, dont les difficultés perdurent malgré l’arrivée des trithérapies. L’association s’oriente aussi vers une offre de soins complémentaires, dont des consultations avec un psychologue, des séances de massage, d’ostéopathie, d’activité physique et de shiatsu. Parmi les associations de lutte contre le VIH, Envie fera figure de pionnière en matière d’accompagnement holistique, refusant de cantonner les personnes à la seule prise en charge médicale.

En 2008, Hervé Rivier s’investira d’ailleurs dans un groupe de travail animé par Sidaction sur ces thérapies complémentaires. Pour Frédérique Viaud, responsable de programmes chez Sidaction, « Hervé était très engagé dans cette dynamique de prise en compte des personnes dans leur globalité, bien au-delà de l’écoute de la parole des malades, de l’accès au dossier médical ». Plus tard, ENVIE jouera aussi un rôle moteur dans le groupe de travail ‘Vieillir avec le VIH’ animé par Sidaction, un sujet auquel Hervé Rivier était lui-même très sensible. « Hervé était très investi, d’une grande générosité, pas du tout égocentré. De son expérience de vie, il a fait un combat au service des autres, toujours dans un esprit tourné vers le collectif », se souvient Frédérique Viaud.

Un combat pour les droits LGBT

Pour Hervé Rivier, il s’agissait aussi de changer le regard de la société sur les personnes vivant avec le VIH, qui persiste malgré les progrès médicaux. C’est dans ce même esprit qu’il s’engage pour la reconnaissance des droits LGBT, auprès de Fierté Montpellier Pride, dont il devient administrateur et trésorier en 2003. Il en démissionne en mars 2013, lors de l’adoption de la loi autorisant le mariage pour tous, qu’il considérait comme l’achèvement d’un combat. Quelques mois plus tard, c’est d’ailleurs dans sa ville de Montpellier que fut célébré le premier mariage gay, le 29 mai 2013. Par ce double combat, Hervé Rivier a œuvré à établir un pont entre les communautés LGBT et VIH.

Bien qu’inquiet quant à l’avenir de la lutte contre le VIH et à la survie financière des associations, Hervé, au-delà du deuil de Luc (décédé en 2007) et de ses propres problèmes de santé, a gardé jusqu’à la fin son regard teinté d’humour. Ironique sur lui-même, toujours attentif aux autres. Interrogé sur sa vie, Hervé disait qu’il « n’imaginait pas qu’[il pourrait] mourir dans les deux mois comme on le disait à l’époque, mais ne pensai[t] pas non plus qu’[il vivrait] aussi longtemps ». A l’image de ce qu’il fut, il s’en est allé sous le soleil de Montpellier, entouré de sa famille, de ses amis et de ses compagnons de lutte.

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